top of page
L'HERITAGE D'ANTHAES

CHAPITRE PREMIER


Les caisses de bois étaient empilées dans la réserve, un vrai capharnaüm ! Les livreurs venaient de repartir et tout restait en plan, à moi de me débrouiller. Franchement, je ne savais pas par quoi ni où commencer… J’avais en main le catalogue de l’exposition, alors autant prendre les œuvres dans leur ordre numérique. Je fis le tour de ce bazar pour trouver la première caisse. Un gros 1 noir était peint sur le bois blanc. Avant même de l’ouvrir, je fus prise d’une crise de flémingite aiguë… Arlene n’était pas encore là, on ne serait pas trop de deux pour tout déballer, je décidai alors de me faire un café en l’attendant, ça me donnerait peut être du courage !
Je me dirigeai en chantonnant vers mon bureau pour attendre mon assistante et néanmoins amie et me donner un coup de fouet caféiné.

Le glouglou odorant de la machine venait de se taire dans une dernière giclée de vapeur lorsqu’Arlene Wade pointa le bout de son nez.
― Désolée Maya ! Je sais que je suis en retard, j’ai dû tomber sur un taxi débutant, il parlait à peine anglais, une vraie galère ! Ça, plus les embouteillages…

Elle laissa tomber son manteau lie-de-vin sur une chaise, épuisée avant même de débuter la journée.
― Pas de souci, viens boire un café ! Nous allons avoir besoin de courage !
― Tant que ça ? Les œuvres de Chenoa Arrowhead sont finalement arrivées ?
― Eh oui, tôt ce matin ! Tu n’as pas eu mon message ? On doit tout mettre en place pour demain, Chenoa viendra pour nous conseiller sur la mise en valeur de ses pièces… Nous avons un sacré boulot ! Il y a un grand nombre de caisses en bas…
Arlene farfouilla dans son grand sac de cuir et attrapa son téléphone.
― Et merde ! J’ai oublié de recharger mon portable hier soir, il s’est éteint… Je n’ai pas eu ton SMS.
― Pas grave…
Nous sirotâmes notre breuvage en devisant de choses et d’autres, mais principalement de cette exposition. La première de cette importance que ma galerie accueillait. Après avoir bossé pour d’autres professionnels, j’avais ouvert la mienne depuis deux ans déjà et le démarrage fut lent… Il faut dire que New York regorge de lieux d’exposition d’art, alors pour sortir du lot, il fallait être patient. Spécialisée dans les œuvres d’artistes amérindiens, je restais toujours aussi fascinée par leur culture. La petite frenchy que j’étais adorait tout ce qui se rapportait à leurs coutumes et traditions et ce depuis l’enfance, sans pour autant que je sache d’où exactement me venait cette fascination.
― Tu te rends compte ? demandai-je à Arlene. Si cette exposition marche, ma galerie va gagner en réputation, enfin !
― C’est vrai… Chenoa est une artiste majeure. Je ne comprends toujours pas comment ni pourquoi elle nous a choisies, tellement d’autres lieux plus réputés lui déroulent le tapis rouge !
― Elle m’a trouvée sympathique et passionnée, ce sont ses termes. Et puis, elle voulait donner sa chance à une jeune galeriste comme moi, c’est gentil de sa part. Elle m’a dit que je ressemblais à une de ses cousines ! Tu vois ça, moi la française née en banlieue parisienne, je ressemble à une indienne !
Arlene se mit à rire.
― Tes ancêtres ont dû traverser l’atlantique dans le sens inverse des conquérants il y a des siècles ! Mais c’est vrai que tu as un petit côté… typé.
― Moui, et bien franchement, je ne sais pas d’où ça vient ! Maman était blond cendré et papa châtain… Allez Visage-Pâle, trêve de bavardage, au boulot !

Nous redescendîmes dans la réserve. Armée d’un pied de biche, je m’attaquai à la première caisse. Des tableaux y étaient alignés, les uns derrière les autres, séparés par des cales et des protections en papier bulle. Nous les sortîmes délicatement. Il y avait des peintures à l’huile, mais aussi des aquarelles sous verre et des peintures de sables colorés. Dans d’autres caisses nous trouvâmes des sculptures et autres artefacts. Chenoa savait transcrire les traditions de sa tribu Chickamauga, un groupe apparenté aux Cherokees, tout en les modernisant. De l’art contemporain venu du fond des âges…
― Tu sais, lança Arlène, j’ai aperçu quelques-unes de nos affiches en route… Vu qu’un escargot tétraplégique aurait été plus vite que mon taxi, j’ai eu le temps de bien les admirer ! Elles rendent super bien !
― Oui, je n’en suis pas mécontente… Je referai appel à ce graphiste, il est doué et très professionnel en plus d’être sympathique. J’espère que ça va attirer du monde. Tiens, pendant que j’y pense, il faut rappeler le traiteur pour le vernissage de samedi.
― Je m’y colle ! Au moins au téléphone, je ne vais pas me péter d’autres ongles ! lança Arlene.
Elle remonta et je restai seule à contempler les œuvres. C’est vrai, il fallait avouer que je n’étais pas peu fière de ma galerie. J’aurais tant aimé que mes parents voient ça… Mes études d’Histoire de l’Art ne leur avaient pas vraiment plu à l’époque. Ils me disaient que j’allais droit dans le mur, que je ne trouverais jamais de travail convenable avec ce genre de formation… Ils auraient préféré me voir devenir ingénieur, avocate ou même faire médecine ! Mais mon côté rêveur l’avait emporté…

Bon, arrivé là je pense qu’il faut que je me présente un tout petit peu. C’est la moindre des politesses, n’est-ce pas ?
Voilà… Je m’appelle Maya Dupré et je vais avoir vingt-huit ans dans quelques mois, mais je fais beaucoup plus jeune. Je suis née en banlieue parisienne, à Pontoise pour être précise, le quatorze juillet 1984. J’ai eu de la chance, j’aurais pu me prénommer Fêtenat ! Avec une enfance des plus banale et des plus normale, absolument rien à signaler. J’avais été élevée dans une petite maison de banlieue d’un quartier résidentiel calme, par des parents aimants et attentionnés dont j’étais la fille unique. Difficile de faire plus ordinaire… Ok, ça c’était un peu gâté à l’adolescence, vers mes quinze ans. Pas à cause de la crise habituelle et du conflit générationnel, non. C’était autre chose… Je me sentais différente, à part. Tout d’abord les rêves, je devrais plutôt dire les cauchemars, ont débutés. Horribles et d’un réalisme saisissant. Le fil conducteur était le sang, présent quasiment à chaque fois, il y en avait partout, d’un rouge si vif que j’en avais mal aux yeux. Et un tel déchainement de violence ! Je réveillais quasiment chaque nuit mes parents avec mes hurlements, ils me retrouvaient assise sur mon lit, en nage, les yeux exorbités, la respiration saccadée. Ils ont fini par m’envoyer voir un psy et même un médecin spécialisé dans les troubles du sommeil. Suite à une batterie d’examens, on nous a annoncé que tout était conforme, mon cerveau fonctionnait normalement et que je devais simplement avoir une imagination débordante… Ben tiens !
Et puis il y a eu le reste, et ça je n’en ai jamais parlé. Je ne voulais pas finir enfermée avec une camisole de force. Les premières fois, cela survint la nuit, pendant mes cauchemars. Quand je me réveillais, des tas de trucs étaient fracassés dans ma chambre. Et puis cela arriva également pendant mes périodes de veille : colère, tristesse ou contrariété et hop ! Des objets traversaient la pièce et se brisaient… J’avais peur, était-ce moi qui faisais ça ou bien la maison était-elle hantée ? Ça n’arrivait qu’en ma présence et lorsque mes sentiments s’exacerbaient. J’étais le plus souvent seule lorsque ça se produisait, heureusement ! Mais je voyais bien que mes parents me regardaient différemment, je crois que je commençais à les effrayer un peu…
Une fois, je devais avoir seize ans à l’époque, pendant une soirée pyjama entre copines, nous avions loué des tas de vidéos. Le but était de passer une nuit blanche en regardant des films qui étaient censés nous faire frémir. Nous avions entre autres visionné Carrie et je compris. Je mis un nom sur ce que je faisais inconsciemment. C’était de la télékinésie. Du coup, je me taisais d’autant plus que je ne voulais pas finir comme l’héroïne de Stephen King. J’avais l’impression d’être un monstre, une mutante. J’avais peur d’être rejetée ou montrée du doigt comme une bête curieuse. Et puis il y avait d’autres choses bizarres, bien que secondaires… Quand je me coupais, je cicatrisais plus vite que la moyenne et je ne gardais pas de trace. Bon, d’un autre côté je ne m’étais jamais blessée gravement ni rien cassé, du coup je ne pouvais pas savoir comment ça se passerait en cas de plaie importante… J’avais également le sentiment de ressentir les choses. Je ne saurais comment l’exprimer mais sans lire les pensées ni prédire l’avenir, c’était comme un sixième sens. Disons que je gardais une petite longueur d’avance par rapport à mes camarades…
Physiquement, je ne ressemblais pas du tout à mes parents et c’était rien de le dire ! J’étais beaucoup plus grande que ma mère, plafonnant à un mètre soixante-dix-neuf, ce qui n’était pas si banal pour une fille. Dès que je mettais un peu de talons, ouah je m’envolais ! Je possédais des cheveux noirs et lisses alors que ceux de mes géniteurs étaient beaucoup plus clairs et ondulés. Ma peau avait une nuance dorée, légèrement cuivrée que personne de la famille n’arborait et je bronzais avec une facilité déconcertante alors que ma mère brûlait même tartinée d’écran total et planquée à l’ombre ! De plus, j’étais la seule à avoir les yeux verts… Les mystères de la génétique. Héritage sans doute de lointains ancêtres oubliés.
Une fois mes études terminées, suite à quelques expériences professionnelles en France dans des musées et des expositions, je m’étais expatriée aux Etats-Unis. Attirée par ce pays, comme beaucoup de gens je présume, je m’y étais installée, ouvrant ma propre galerie d’art au bout de deux années sur place. La sensation avait été étrange, comme si je rentrais chez moi après une longue absence… L’effet aurait dû être l’inverse, avec un petit mal du pays envers la France, et bien non.
J’avais dû retourner en catastrophe à Pontoise l’année dernière pour enterrer mes parents. Ils roulaient sur l’autoroute quand un routier perdit le contrôle de son semi-remorque. Leur voiture transformée en compression avec eux dedans… Le cocktail alcool-vitesse-fatigue avait encore frappé. Maintenant, j’étais toute seule. Voilà ma vie… Rien de folichon à part mes petites capacités particulières. Celles-ci s’étaient calmées depuis plusieurs années, elles avaient même presque disparues, mais pas les rêves. Tant mieux, j’en avais marre de me racheter de la vaisselle !

Arlene revint dans la réserve.
― C’est ok, tout est revu avec le traiteur. Le seul hic, c’est le champagne. Il n’a plus celui que tu voulais…
― Oh non !
― Attends… Du coup, il nous en fournira un meilleur, du haut de gamme… au même prix que l’autre !
― Cool !
En fin de journée, nous avions tout déballé et répertorié. Rien ne manquait, rien n’avait été abimé par le transporteur, parfait ! Demain, nous disposerions tout dans salle d’exposition et l’artiste viendrait pour nous indiquer ses préférences. Une affaire qui roule ! Crevées, Arlene et moi quittâmes la galerie. Même fatiguée, je ne rentrai pas chez moi directement. J’avais mon cours de karaté et je ne le ratais pour rien au monde… J’y retrouvai des habitués avec qui je m’entendais bien et suai sang et eau pendant plus de deux heures. New York pouvait se révéler dangereuse et puis ça me défoulait, j’adorais ça !

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

​​CHAPITRE DEUX


Lessivée ! Vidée ! En fait, il m’aurait même fallu inventer un nouveau mot pour décrire l’état dans lequel j’étais lorsque je me retrouvais dans mon appartement. Enfin rentrée ! Une bonne douche me ferait le plus grand bien et ensuite, gros dodo !
Jetant mes affaires en vrac, je rampai plus que je ne marchai vers la salle de bain. Je ricanai en pensant au lendemain. Là ça se corserait, bonjour les courbatures !
Je me rinçais la tête, comme si l’eau me lavait l’intérieur. Je me sentais si bien que je ne pouvais plus en sortir… J’avais fini par transformer ma salle de bain en sauna ! Ma toilette terminée, je me frictionnai des pieds à la tête avec une solution à base d’arnica, histoire de prévenir les petites douleurs du lendemain.

Enveloppée dans mon drap de bain, les cheveux enroulés dans une serviette, je traversai mon salon en direction de la cuisine afin de me préparer un thé avant de dormir. Je remarquai alors le petit clignotant rouge de mon répondeur. Tiens, un message… C’était rare, la plupart de mes connaissances m’appelaient de préférence sur le portable. Certainement encore de la pub ou du démarchage, voire une erreur de numéro…
J’appuyai sur le bouton.

Bonjour. Vous avez un nouveau message. Reçu aujourd’hui, à 16h22. Biiiiiiip.
― Euh, bonjour. J’espère que je suis bien chez Maya Dupré. Voilà, j’appelle de France et je me nomme Martin Bosch, je suis détective privé. J’étais chargé par l’étude de Maître Duhamel, notaire à Paris de vous retrouver. Je vous remercie de me contacter rapidement au 01.44.49.00.01 pour discuter d’un héritage vous concernant. Euh… voilà ! A bientôt donc, j’attends votre appel. Au revoir. Clic… Tuuuuuuuuuuuut...

Bizarre ce message ! Un détective privé français ? Un héritage ? Je regardai ma montre. Minuit trente passé. Inutile de le rappeler, avec le décalage horaire le bureau de ce type n’était pas encore ouvert. Je verrai demain, rien ne pressait.
Du coup, je cogitais tellement que le sommeil allait sûrement me fuir. C’était malin ! J’aurai mieux fait de consulter mon répondeur demain matin ! Mon thé avalé, je me brossai rapidement les dents puis me dirigeai vers ma chambre et me couchai. Allongée, la lumière tamisée de ma lampe de chevet dessinant des circonvolutions sur le plafond, je réfléchissais, laissant mon regard errer sur le tableau d’inspiration asiatique qui trônait sur le mur d’en face. Un héritage… De qui ? Je n’avais plus de famille en France ! Je souris. D’un autre côté, qui que ce soit, ça tombait à pic ! Si l’exposition Arrowhead marchait bien, j’avais dans l’idée de changer de local pour quelque chose de plus vaste et de plus lumineux… Alors je n’allais pas cracher sur une somme d’argent tombant du ciel ! J’éteignis.
Je finis par m’endormir, m’imaginant recevoir des millions en lingots d’or, restés des années planqués sous le plancher vermoulu d’un vieux cousin avare et inconnu… mais mon rêve de cette nuit-là fut différent. Ni or ni billets de banque. Dommage.

Je cours dans un labyrinthe sombre, tout en pierre… Je serre quelque chose dans mes bras, un petit paquet enveloppé d’un linge... Je semble couverte de sang pourtant je ne souffre pas... Je ne suis pas blessée mais j’ai le sentiment que la chose qui me poursuit risque fort de changer ça si elle me rattrape… Alors que je m’arrête pour souffler, le paquet que je tiens se met à bouger et des cris s’en échappent...
― Chuuuut ! Ne pleure pas, il va nous entendre !
Devant moi, au milieu du chemin se tient un énorme lapin blanc... Assis sur son postérieur, il me regarde de ses yeux rouges sans bouger... Un grondement sourd monte derrière moi et alors que je me retourne, deux yeux d’or me fixent au travers de l’obscurité... Je recule sans détacher mon regard de la chose tapie dans les ténèbres et lorsque le loup noir bondit vers moi, je hurle.

Je me retrouvai assise sur mon lit, le cœur battant à tout rompre, une fine couche de sueur me glaçant le front, le dos et la poitrine. J’attendis que mon rythme cardiaque revienne à la normale et que ma respiration saccadée se calme. Un bail que je n’avais plus fait de cauchemars de ce genre, où tout semblait si réel… Franchement, ça ne m’avait pas manqué ! Qu’est-ce que c’était désagréable ! Je jetai un coup d’œil circulaire dans ma chambre. Bon, a priori je n’avais rien cassé… Ouf !
Je regardai mon radioréveil. Cinq heures trente. Super, la nuit avait été courte mais je savais que je ne dormirais plus maintenant. Je me levai donc, allumai la machine à café et pris une douche pour m’ôter cette sensation collante de la peau. Avant d’avaler mon petit-déjeuner, je réécoutai le message et notai le nom et le numéro de ce détective. J’appellerai dans la matinée, ce sera l’après-midi à Paris. De longs mois d’absence et mes rêves recommençaient maintenant. Pourquoi ? Y-avait-il un rapport avec ce coup de fil ? Je secouai la tête. Inutile de me tracasser pour rien, tant que je n’aurai pas eu ce type en ligne, je ne saurai pas de quoi il retourne… A quoi bon me mettre les neurones au court-bouillon ? Aucun intérêt…

Je partis tôt pour la galerie, Chenoa avait prévu de passer en milieu de matinée, vers dix heures. Ça me laissait du temps pour ranger le désordre de ma réserve.
Ensuite, le temps s’écoula agréablement. Arlene et moi avions modifié la présentation des œuvres en compagnie de l’artiste. Chenoa était vraiment une femme charmante, douce et cultivée. La soixantaine, de longs cheveux grisonnants coiffés en deux tresses qui retombaient dans son dos, elle avait le physique typique des amérindiens. Elle accentuait encore cette allure en portant des bijoux en argent et turquoise ainsi que du cuir frangé.
Enfin, nous prîmes toutes les trois un café accompagné de muffins aux airelles avant qu’elle ne reparte. La sachant un brin chamane, j’en profitai pour lui poser quelques questions. Je me sentis stupide en même temps que je parlai.
― Chenoa, connaissez-vous la signification des rêves ? Les animaux que l’on voit sont-ils la clef pour en comprendre le sens caché ?
Elle me fixa de ses petits yeux vifs et scrutateurs.
― Pour nous, chaque animal est un totem portant un message au dormeur. Racontez-moi votre rêve…
Je m’exécutai tout en édulcorant… Inutile de parler tout de suite du sang et de l’angoisse ressentie.
Chenoa écouta attentive, hochant la tête doucement.
― Maya, vous pourriez penser que ce loup vous menace et que ce petit lapin est tout mignon… mais la signification est parfois le contraire de l’évidence. Prenez le lapin. Il représente la peur. Le message signifie que : ce à quoi vous résistez persistera, ce que vous craignez le plus, vous le vivrez. En effet, plus l'on redoute une chose, plus notre énergie se focalise sur cette crainte et attire donc à nous ce que nous refusons. Par contre, le loup est un enseignant. Il représente aussi la loyauté, la fidélité parce qu’il vit en meute et qu’il reste fidèle à sa compagne toute sa vie.
Moui, super. Ça ne m’avançait pas beaucoup. A quelle peur devais-je faire face ? Qui m’était loyal et fidèle ? En plus j’étais célibataire, pas le moindre petit copain depuis des mois…
― Vous rêvez en noir et blanc ou bien en couleur ?
Drôle de question qu’elle me posait là ! Par contre j’étais sûre de ma réponse…
― Euh… en couleur. Je le sais parce que je vois souvent… du sang, bien rouge.
― Il désigne bien des choses… La vie, l’animalité en chacun de nous, mais aussi la peur, la vulnérabilité ou bien encore une forte connotation sexuelle et bien d’autres choses. Tout dépend comment il est mis en scène.
― Pas la mort ? demandai-je, un brin anxieuse.
― Non, une perte de vitalité, s’il s’écoule de vos veines, mais il ne signifie pas la mort.
Bon, c’était déjà ça…

Un peu plus tard, Chenoa était partie et Arlene occupée à étiqueter les pièces de l’exposition. Seule dans mon bureau, je me décidai à appeler ce privé de Paris. Cela m’était sorti de la tête. Il était onze heures trente, ça faisait dix-sept heures trente en France… avec un peu de chance il serait encore là, ce Martin Trucmuche.
Je composai son numéro et regardai dans le vide par la fenêtre pendant que les bips de la tonalité résonnaient.
On décrocha à la troisième sonnerie.
― Allo ?

Une voix grave et ferme mais jeune. La même que celle du répondeur.
― Allo, oui… Je… euh… je m’appelle Maya Dupré, vous m’avez laissé un message hier.
― Mademoiselle Dupré ! Ravi de vous entendre ! J’espérais bien que vous me rappelleriez ! Je suis Martin Bosch, de Bosch Investigation. Comment allez-vous ?
― Euh… Bien, merci. J’avoue que votre message m’a intriguée…
― Avant d’aller plus loin, permettez-moi de vérifier que vous êtes bien la personne que je recherche. Pouvez-vous m’indiquez vos dates et lieux de naissance ainsi que le nom de vos parents ?
― Oui, bien sûr… Je suis née à Pontoise le quatorze juillet 1984, de Marlène et Marc Dupré, décédés l’an dernier.
― Biiiien. Vous êtes bien la Maya que je recherche. Enfin, pas moi directement mais un notaire. Vous êtes la seule parente du défunt et votre héritage vous attend, si vous l’acceptez. Quand pensez-vous pouvoir venir en France ?
― Eh bien, là, ça tombe mal. J’ai un vernissage samedi, mais je pense pouvoir confier les rênes par la suite à ma collaboratrice. Je dois voir les détails avec elle…
― Ce ne sera l’affaire que de quelques jours… vous savez, signer quelques papiers, les joies de l’administration…
Ouais, j’avais donné l’année précédente… Je savais de quelles joies il parlait.
― Savez-vous en quoi consiste cet… héritage.
― Je n’ai pas de détails, mais il y a un bien immobilier. Assez important.
― Ahhh !
Bon, je pourrais toujours revendre cette baraque et récupérer l’argent. Il était hors de question que je m’embarrasse d’une maison en France, ma vie était ici désormais…
― Ecoutez, je vois quand je peux partir et je vous rappelle… ça vous va ?
― Impeccable. Vous me donnerez les détails de votre vol et je viendrai vous chercher à l’aéroport.
― Merci, c’est gentil… Bon, à plus tard alors.
― Au revoir, mademoiselle Dupré.

Il raccrocha.
Un bien immobilier ! Qui était ce donneur ? A ma connaissance, il n’y avait plus de famille, mes parents ayant été chacun enfant unique… Je ne voyais vraiment pas qui me faisait ce cadeau !
― Tu en fais une tête Maya ! Tu viens d’apprendre qu’une grosse météorite se dirigeait droit sur nous ou quoi ?
Je me redressai dans mon fauteuil en sortant de ma rêverie.
― Non… hier j’avais un message de France chez moi. Un détective privé bossant pour le compte d’un notaire… J’ai rappelé et figure toi que j’hérite d’une maison ou un bâtiment, je ne sais pas. Il va falloir que je parte pour Paris. Ça tombe mal !
― Tu rigoles ? C’est génial ! Enfin, je veux dire, désolée, condoléances, tout ça… Tu connais le… mort ?
― Ben non, justement, je ne vois pas qui… Bon, je reste pour le vernissage, mais crois-tu pouvoir gérer sans moi pour la suite ? S’il le faut, j’engage une personne pour t’aider ? Toute seule, c’est trop de boulot…
― T’inquiète ! C’est l’occasion pour moi de te dévoiler mes talents cachés ! A ton retour, tout sera vendu !
― Oh, je ne serai partie que quelques jours, peut-être une grosse semaine… Le temps de signer quelques papiers et puis je compte vendre mon héritage. Il me faudra trouver une agence immobilière sérieuse pour s’en occuper sur place…
― Prends ton temps, je m’occupe de tout ! Qui sait, tu hérites peut-être d’un beau château !
― Financièrement, ça m’arrangerait ! Bon, le vernissage est samedi… Dimanche et lundi, je reste, on ne sait jamais… Je peux partir mardi. C’est ok pour toi ?
― Mardi, oui, c’est bien. Eh, détends-toi ! (Elle posa sa main sur mon épaule.) On ne te convoque pas pour t’envoyer en taule !
Pas faux… Pourquoi alors étais-je si nerveuse ? Au final, c’était plutôt une bonne nouvelle, alors pourquoi m’angoissais-je ? Je n’avais plus qu’à rappeler ce privé, mais d’abord acheter mes billets d’avion sur Internet. J’en profiterai pour rechercher ce détective. Avec un peu de chance, sa photo serait sur son site… J’aimerais bien voir sa tête quand même…

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

CHAPITRE TROIS

 

Le chemin serpente dans la montagne, entre les rochers et les herbes folles... Le ciel est gris ardoise, presque noir et des éclairs bleus le zèbrent dans un grondement assourdissant… J’ai beau avancer le plus vite possible, il est obligé de m’attendre… Trottinant devant moi, il se retourne régulièrement pour voir si je suis, puis repart, sa langue rose pendant hors de sa gueule aux crocs blancs aiguisés... Son épais pelage est noir comme une nuit sans étoiles, luisant et plein de vitalité… Ses yeux d’or dansent comme deux petites flammes… C’est une bête magnifique… Je halète, mes pieds font rouler les petits cailloux sur le chemin... Où ce loup m’entraine-t-il ?... Tout ce que je sais, c’est que je dois le suivre à tout prix… Ma sécurité en dépend…
La nuit tombe en quelques instants, comme si on avait actionné un interrupteur céleste... Magie des rêves, le temps n’a plus d’importance, tout peut être rapide ou bien lent… Dans l’obscurité, le loup noir est comme absorbé par les ténèbres et je ne le distingue plus... Parvenu en haut du rocher, le chemin s’arrête net... Une sorte de brume épaisse masque l’endroit mais elle se dissipe lentement, révélant une silhouette inconnue… Le loup n’est plus là, à sa place se tient un homme accroupi et de dos, enveloppé d’un grand manteau noir... J’approche encore, lentement. Il se redresse vivement et pivote dans un frottement de tissu... Il est immense et sombre… Ses cheveux noirs flottent autour de sa tête, soulevés par le vent… Les ténèbres rendent son visage invisible mais ses deux yeux d’or brillent d’un éclat sauvage… Derrière lui, un immense ours se dresse…

 

Je me réveillai en sursaut, la sonnerie stridente de mon radioréveil m’arrachant au regard de l’inconnu. Cinq heures trente. Sacrément tôt pour se lever mais je n’avais pas terminé de boucler mon bagage, je devais ensuite faire ma toilette, avaler quelque chose. Je comptais passer à la galerie pour bosser quelques heures avant de partir. Ensuite il me faudrait me taper le trajet en taxi jusqu’à Newark. Sans compter que je devais y être deux heures avant le vol. Depuis les évènements du onze septembre, les aéroports américains appliquaient tellement de consignes de sécurité qu’une éternité était nécessaire aux passagers pour rejoindre leur avion. C’est tout juste si on ne nous demandait pas de nous mettre complètement à poil ! Mon vol British Airways décollait à vingt heures vingt-cinq pour arriver à Roissy-Charles de Gaulle vers dix heures. Je me connaissais, j’aurai besoin d’une semaine ou plus pour encaisser le décalage horaire. Mais je comptais bien rentrer avant de passer autant de temps sur place. J’avais pris des billets open au cas où, ne sachant quand rentrer exactement. Ça coutait bonbon mais après tout, j’héritais !

J’avais été surprise de ne pas trouver Bosch Investigation sur le web. Qui peut se passer d’un site Internet pour faire sa publicité de nos jours ! D’un autre côté, un privé se devait d’être discret, non ? C’était même son fonds de commerce ! Du coup, je ne savais pas quelle tête avait celui qui venait me chercher… Tant pis, je le trouverais bien... Vêtue d’un jean moulant rentré dans mes bottes et d’une longue tunique resserrée à la taille par une large ceinture de cuir, je finis de tresser mes cheveux et sortis. En route, je repensais à l’exposition. Le vernissage s’était super bien passé, plusieurs œuvres, et pas les moindres, avaient été réservées par des collectionneurs. Nous avions eu beaucoup de monde et suivant les rumeurs entendues, ma galerie avait son petit succès…

 

Le trajet jusqu’à l’aéroport, les formalités et le vol s’étaient déroulés sans incident. J’avais même réussi à dormir un peu malgré les trous d’air, chose assez rare pour moi. Débarquée à Roissy à l’heure, je récupérai ma valise à roulettes sur le tapis à bagages et me dirigeai vers la sortie. Toute une foule attendait les voyageurs. On s’interpellait, s’embrassait à tout va dans un brouhaha joyeux de retrouvailles. Plantée seule comme un piquet, mon manteau sur le bras, je scrutai cette marée humaine quand finalement j’aperçus un homme une feuille au-dessus de sa tête avec mon nom inscrit au feutre. La petite quarantaine, de taille moyenne, des cheveux roux clairsemés, il avait un physique qui ne collait pas avec sa voix. Vêtu d’un jean et d’un blouson aviateur, il scannait de ses yeux bleus délavés les arrivants dans l’espoir de me trouver. Je lui fis un geste de la main en souriant et il abaissa sa feuille.
― Bonjour Monsieur Bosch !
― Bonjour Mademoiselle Dupré. Vous avez fait bon voyage ?
― Oui. Parfait.
― Bien, laissez-moi prendre votre valise. Ma voiture est garée au parking souterrain.
Je le suivis. Ça me faisait bizarre de me retrouver à Paris. La dernière fois, ça n’avait pas été gai... Un type me bouscula de l’épaule sans s’excuser et la mentalité parisienne me sauta au visage comme à chaque fois : ce que les gens pouvaient être stressés ici, ronchons et peu aimables ! Franchement, ça ne me manquait pas…

Il rangea ma valise dans le coffre de son Land Rover Evoque blanc aux vitres teintées… Ça avait l’air de rapporter, le boulot de privé ! Pas la moindre idée du prix de ce véhicule, mais ça ne devait pas être donné… Je ne possédais pas de voiture à New York, aucun intérêt. Il y avait le métro et les taxis. Quand je devais bouger en dehors de la ville, j’en louais une.
Je grimpai dans le quatre-quatre et nous quittâmes l’aéroport.
― Nous allons à l’étude de Maitre Duhamel ? demandai-je une fois en route.
― Non. L’ouverture de la succession se fait au domicile du défunt, à savoir la maison qui vous revient.
― Qui est cette personne ? Je n’ai pas souvenir que mes parents aient eu des oncles, cousins ou autres…
― Je ne sais pas. Le notaire vous expliquera. Tout ce que je sais, c’est que vous êtes la seule et unique famille de cette personne et par conséquence la seule héritière.
Bon… Je n’étais pas plus avancée. Je n’avais plus qu’à attendre. Je regardai le paysage défiler et détaillai ce qui m’entourait pour tuer le temps… Alors que Bosh tournait le volant vers la droite, j’avisai  un drôle de tatouage sur le dos de sa main gauche. On aurait dit une sorte de A stylisé, la barre horizontale dépassant de chaque côté, avec une petite ellipse entre les deux jambes de la lettre.
― Il est étrange votre tatouage. Il représente quoi ? demandai-je, curieuse.
― C’est un glyphe astrologique. Le symbole d’une planète.
― Ahhhh…

​Bon, ok. Super. Il ne développa pas. Je me tournai vers la vitre et regardai dehors. La banlieue parisienne s’éloignait et les champs de la Brie s’étalaient à perte de vue. Une pluie mêlée de neige se mit à tomber et le ballet rythmé des essuie-glaces démarra.
― C’est en province ?
― Oui.
Okaaaay. Je n’aimais pas les gens à la langue trop bien pendue, mais là ! J’étais tombée sur le roi des laconiques !
Frutt-couic… frutt-couic… je commençai à somnoler, le raclement des essuie-glaces sur le pare-brise m’hypnotisait presque.

Nous roulâmes environ deux heures avant que le 4x4 ne quitte la route pour s’engager sous un immense portail de pierre à demi effondré recouvert de lierre, suivant un petit chemin gravillonné. La pluie avait cessé, laissant le ciel gris et bas. Une plaque indiquait « Manoir de la Ferrière ». Arlene et son idée de château ! Pas tombée loin ! Tout au bout, je pouvais apercevoir la bâtisse. Superbe. Il s’agissait d’un long bâtiment bourguignon rectangulaire de pierres beiges et au toit recouvert de tuiles plates dans les tons brun-rouge. Il y avait peu de fenêtres, celles que je voyais étaient garnies de grilles en fer forgé et trois chien-assis sculptés sortaient du toit. La bâtisse était flanquée d’un pigeonnier rond au toit pointu, comme un chapeau de sorcière. A vue de nez, je l’estimai datant du douzième ou treizième siècle…
Le chemin nous amena sur une grande esplanade de cailloux blancs devant la maison, le reste n’était que pelouse. Un vieux chêne et un grand sapin encadraient le bâtiment. Des vignes semblaient s’étendre en contrebas de la propriété et un parc boisé s’étalait derrière elle. De vieilles barriques de chêne serties de feuillards s’empilaient sur le côté. Une propriété viticole, il ne manquait plus que ça, je n’y connaissais rien ! Sûr, j’allais vendre tout ça illico-presto !
La voiture s’arrêta juste devant les marches menant à la grosse porte de bois sculptée ornée de clous métalliques et de chevilles de bois.
Tiens, un symbole gravé au-dessus, au milieu d’un blason… Marrant, ça ressemblait au motif du tatouage, du moins ce que j’en voyais, car il était à demi effacé par le temps.

Le privé descendit et je l’imitai. Il saisit ma valise et la posa au sol, derrière la voiture.

 

― Nous y voilà, très chère ! J’espère que vous n’avez pas trouvé le chemin trop long.
Je n’eus pas le temps de lui répondre. La porte du manoir s’ouvrit et trois hommes en sortirent. Vêtus comme des miliciens et armés ! Je me tournai vers mon chauffeur, le visage trahissant ma stupéfaction et sans doute aussi ma peur. Il me fit une petite grimace.
― Désolé…
Sans autre explication, il grimpa à nouveau dans son véhicule et démarra. Je tentai d’agripper la portière, mais il avait tout verrouillé et l’un des types me saisit le bras alors que les graviers volèrent derrière la voiture, projetés en partie sur moi.
― Héééééééééé !
― Suis-nous sans faire d’histoire, ça vaut mieux.
Il tenait un pistolet dans l’autre main et ses deux collègues portaient des armes automatiques en bandoulières. Je remarquai alors qu’ils arboraient tous le même tatouage que le privé et sur la main gauche également.
Où étais-je tombée ? Et pourquoi ? Je paniquai…
― Qu’est-ce que vous me voulez ? C’est quoi cette mascarade ?
Je ne reçus pas de réponse. Je fis semblant de les suivre sans résistance et la poigne de l’homme se desserra. J’en profitai.
Je fis volte-face et me ruai au travers de l’esplanade. Il fallait que j’atteigne le couvert des arbres, les limites de la propriété se trouvaient au-delà. Une fois la route atteinte, je pourrai peut-être trouver de l’aide… Je courus aussi vite que possible mais les hommes ne tardèrent pas à me rattraper. L’un d’eux bondit sur moi et me plaqua au sol. Le choc me coupa la respiration. Cependant je rassemblai mes forces et tentai de me dégager mais ce salaud me retourna sur le dos et me gifla à toute volée. Il me força à me relever sans ménagement, tirant sur mon bras à me l’arracher avant de me planter sur mes jambes. J’échappai une fois de plus à son étreinte, je fis une roulade et ramenai mes jambes avant de les projeter sur lui alors qu’il se jetait sur moi à nouveau. Il tomba en arrière et heurta violemment un tronc d’arbre. Il laissa échapper un grognement de surprise et de douleur. L’un de ses comparses m’enfonça le canon de son arme dans les côtes.
― Fais-moi plaisir, essaie !

 

Ben tiens… La partie était perdue.
Retour à la case départ. Le type me poussa en avant et je grimpai les marches encadrée des deux autres pour entrer dans le bâtiment.
― Si j’ai bien compris, il n’y a ni notaire ni héritage, n’est-ce pas ? grinçai-je.
L’homme à ma gauche esquissa un sourire sardonique.
― On ne peut rien te cacher ma grande ! Avance. Ce soir, tu verras le Maître.
― Qui ça ?
― Tu le sauras bien assez tôt.
Ils m’entrainèrent vers une pièce située à l’étage et refermèrent à clef derrière moi.

J’étais prisonnière. On m’avait kidnappée ou quelque chose dans ce genre. Evidemment, mon sac avec mon portable ne m’avait pas été rendu par ces types. Je ne comprenais rien au déroulement des évènements. Hier encore, je menais ma petite vie insouciante, toute contente de toucher peut-être une somme d’argent conséquente, et aujourd’hui je me trouvais entre les mains de ces gangsters, sans que je sache pourquoi… Le destin avait un sacré sens de l’humour.

Je me trouvais dans une chambre à coucher. Un lit de style régence trônait contre le mur, encadré de deux tables de chevet assorties. Un grand tapis persan recouvrait le sol, fait d’un vieux plancher sombre qui grinçait sous les pas. Une grosse armoire ancienne complétait le décor avec une commode arbalète bien dodue surmontée d’un miroir en bois doré, très chargé. Pas vraiment le style que j’affectionnais, mais les pièces semblaient originales et devaient valoir pas mal d’argent. Une petite porte donnait sur un cabinet de toilette, très moderne lui. La fenêtre, comme je l’avais remarqué de l’extérieur, était sécurisée par des barres métalliques. Inutile que j’essaie de sortir par là.
Qui étaient ces types et que me voulaient-ils ? Du fric ? Ils étaient mal tombés… Me confondaient-ils avec une autre personne ? Qui était ce mystérieux Maître ?
Je me retrouvais sous les verrous depuis environ un quart d’heure lorsqu’on m’apporta une bouteille d’eau minérale. Trop sympa ! Le type était seul, d’après ce que je vis. Il posa l’eau sur le guéridon proche de la porte et ressortit aussitôt, sans un mot. S’il revenait encore seul, je pourrais à nouveau tenter quelque chose… peut-être…

bottom of page